Hier soir le 13 juin, nous avons eu la triste nouvelle du décès du 3eme Oncle de la famille. Des 18 enfants de mon grand père YIPTONG, patriarche de la famille et fondateur de la branche Mauricienne ce fut le départ du 3eme fils. De ce que j’ai pu glaner, Yook Lin a également eu une histoire et carrière de vie intéressante. Très jeune, il avait un don de négociateur et était un fin homme d’affaires.
Au cours des quelques longues séances de conversations avec lui surtout dans les années 80, ou j’avais eu l’occasion de discuter avec lui, j’avais décelé chez lui des caractéristiques d’un homme rempli d’estime de soi, intelligent, très déterminé, réfléchi et de caractère. Il a connu dans sa vie pas mal de difficultés, mais son esprit combatif l’aide toujours d’avancer. Au cours de ces conversations que j’avais eu avec lui, je me plaçais en bon neveu confucéen, – par rapport au rang hiérarchique- d’être à son écoute pour en tirer un maximum de son expérience.
Tonton Yook dès son jeune âge eut l’occasion d’être propulsé dans le monde des affaires. Vu les circonstances qui prévalait, dans les années 1945, juste après la seconde guerre, les commerçants de réputation reconnues, dont La famille YIPTONG, avaient des opportunités de prospérer notamment quand le gouvernent de l’époque avait besoin des commerçants sérieux et honnêtes pour être partie de la distribution des vivres par les quotas mise en place.
Pak Lin le fils ainé par rapport à son choix de fiancée était un peu mise à l’écart, Khin Lin, le second fils était hors du pays pour les études. Ainsi le confident, la gérance sous le patriarche, du commerce revenait à Yook Lin qui d’autant plus venait d’obtenir un diplôme de commerce London Chamber of Commerce.
Yook avait l’âme un excellent homme de communication- un beau parleur. Il avait bien sa place. Père YIPTONG, avait des idées et formulait ses stratégies, mais avait grand besoin d’un des ses siens pour être le porte parole. Ainsi, pendant cette période YIPTONG devint un commerçant nommé par le control board. Durant la même période le statut du commerce fut amendé pour devenir la première compagnie chinoise sous le company act en limited company. Une fierté que Yook Lin a toujours gardé.
Yook Lin avait une personnalité forte. Il est très conscient de ses droits il me se laisse jamais les autres s’en emparer. Avec passion, il m’a raconté l’anecdote de sa bataille avec les syndicalistes dans son commerce à Singapour. En tant que petit commerçant, il avait refusé à ses employées le droit de syndiquer. Il s’est battu avec PAP le syndicat qui devint après le parti politique primaire du pays. Son commerce souffrit car des piquets étaient installés devant chez lui. Il tint ferme jus qu’au jour la loi fut amendée.
Quelque peu en désaccord avec son Père, il décide de partir de l’ile Maurice pour Hong Kong. Il partit pour prendre sa destinée en main. Il prit de l’emploi chez Sincere Department store , un Hakka. Peu de temps après, le propriétaire Hakka décida de l’envoyer à Singapour. Après son mariage, ils partirent pour s’y installer.
Une vie en dents de scie, bien des hauts et des bas mais progressivement il se met à son compte pour se faire une place au soleil. Avec peu de fonds propres dans un pays étranger, il n’avait que son initiative et sa débrouillardise pour réussir. Il eut 5 fils. Ils fut tous très intégrés dans la société Singapourienne.
Dans le années 50, après la visite du Patriarche YIPTONG à Singapour pour le mariage de Khin Lin, fils no 2 en Indonésie, les relations avec le Patriarche s’est détendues. Hoy Lin fils no 5 fut envoyé pour travailler à Singapour. Il retourna quelques années après.
A ma première visite chez lui en 1969, j’avais rencontré un tonton très volubile avec beaucoup de contacts surtout bien installés dans le milieu d’affaires. Il possédait un département store dans la route marchande de Singapour, North Bridge road, et fonctionnait surtout comme un courtier en affaires surtout avec des connections indonésiennes.
Peut- être, un des moments les plus éprouvants de sa vie était de retrouver d’une grande partie de son patrimoine amassé au fils des années partir en fumée à la suite d’une incendie à son quartier général et de ses magasins. Comme il était négociant, tout ses avoirs étaient dans son stock de marchandises. Du jour au lendemain plus rien des marchandises, plus de maison et plus de commerce. Comble de malheur, l’assurance refusa de lui rembourser ses pertes. Il s’attendait pour une fois un geste réconfortant de sa famille. Ce qu’il reçu était, de son avis était timide et immatériel. Avec beaucoup de courage et détermination, il continue à lutter pour subvenir aux besoins de sa famille. Le deuxième coup de massue fut l’acquisition obligatoire de son fond de commerce par le gouvernement pour une bouchée de pain. Il ne céda pas et eut recours aux tribunaux. Ayant perdu son cas, Injuste est le gouvernement Singapourien me disait il et y ajoutait, mais équitable car tous ont été traité de la même façon.
Heureusement Yook Lin s’en est bien tiré. Vers la fin de sa carrière, il continua à gagner sa vie en plaçant intelligemment ses avoirs sur la bourse et dans l’immobilier et à travailler à la pige comme guide de tourisme spécialisé pour le marché Français.
Tonton, j’étais vraiment heureux à la fin de l’année dernière de t’avoir revu surtout au moment ou tu étais heureux d’avoir réuni avec toi toute ta famille et la grande délégation venue te voir. Le souvenir de ce déjeuner familial et l’ambiance de la grande famille qui y régnait restera toujours dans ma mémoire. Adieu Yook Sook.
Tonton Yook Lin
June 13th, 2009 — Family stories