La musique des années 60 et 70, c’est bien la musique de ma jeunesse. D’ailleurs, je ne cesse pas d’écouter mes oldies. J’ai eu ce matin un renvoi vers cette période de ma vie en regardant sur Télé matin, une interview rediffusée de Sacha Distel, un des mes chanteurs préférés de l’époque dans Discorama des années 70. Et la, mon intérêt c’est dirigé vers Denise Glaser qui m’était inconnue car nous n’avions pas les émission télévisées d’ ORTF. Denise Glaser avait un style particulier pour interroger ses invités : le silence. Elle a réussi à laisser des blancs dans ses interviews pendant près de quinze ans et ces silences là valaient de l’or parce que les artistes avaient le temps de chercher leurs mots ou de ne rien dire non plus. Une époque où le silence était d’or et la chanson souvent intelligente.
Durant plus de quinze ans il en fut ainsi chaque dimanche. Le générique laissait place à un plateau de studio avec deux chaises Napoléon III pour tout décor. Au loin des échelles se dressaient sur un fond blanc. Le réalisateur avait pris le parti de monter ce que d’habitude la caméra ignorait. Même les caméras étaient visibles, les micros aussi, ici point de camouflage. Denise Glaser apparaissait le cheveux noir, l’Å“il noir et vif.
Pour faire découvrir de nouveaux talents souvent elle se rendait le soir dans les salles de spectacles de Paris et de province. Parfois de ses sorties elle ramenait un ou une inconnue, elle croyait en son art et lui offrait un passage à Discorama. Ainsi elle fut à la base des carrières de Catherine Lara, Moustaki, Brel, Hallyday, Ange, Maxime Le Forestier, Sardou, Yves Simon…
La rencontre était ponctuée de chansons et d’interviews.
Elle parlait peu, écoutait l’invité, écoutait les silences de l’invité. Les silences importaient plus que les paroles. Ils étaient souvent lourds de sens, l’émotion naissant ainsi. Elle a ouvert un nouveau genre d’interview-confidence dans le respect de l’autre. Elle disait : « Quand on veut que quelqu’un parle et l ‘écouter, le mieux est encore de fermer sa gueule…. »
Lors d’un Discorama par son silence Léo Ferré se mit à pleurer à chaudes larmes.(texte de Francois Faurant)