Malcom de Chazal

Voici une autre histoire que nous pouvons rajouter sur notre phare artiste, poète, héros et génie de Maurice

Malcolm de Chazal : de la quête identitaire personnelle à la découverte d’une identité collective.

(Contribution de christophe chabbert)

Les Mauriciens, généralement, connaissent le nom de l’ancêtre qui, un jour, a quitté son pays natal afin d’établir sa famille à Maurice. Malcolm de Chazal n’échappe pas à cette règle et la fin des années 1940, qui a vu l’irruption formidable de son ?uvre sur la scène littéraire française et internationale, a déclenché chez lui une formidable quête identitaire.

Ses ouvrages publiés à l’aube des années 1950 lui ont permis de développer toute une rêverie poétique ayant contribué à proposer à ses compatriotes une geste légendaire dans laquelle tous pouvaient se reconnaître : dans les temps très anciens, l’île Maurice était peuplée par une surhumanité, les géants lémuriens, dont les peuples de l’océan indien peuvent revendiquer l’héritage.

Cependant, la rédaction de cette geste des géants sculpteurs de montagnes est alimentée souterrainement par une découverte personnelle tout aussi étonnante : René Guénon lui écrit en effet du Caire pour lui demander s’il connaît l’existence d’un de ses ancêtres, François de Chazal de la Genesté qui a établi la famille à Maurice en 1763, dont le nom circule dans les milieux ésotériques de la franc-maçonnerie et de la Rose-Croix.

La réception de cette lettre va conduire Chazal à enquêter sur son aïeul et à trouver une inspiration nouvelle. Dès lors, que découvre-t-il en réalité ? Quel rôle joue cet ancêtre devenu personnage de fiction dans ses oeuvres du début des années 1950 ? Quels arrangements au profit de la fiction concède-t-il à la réalité ? C’est ce que nous tenterons d’établir au cours de cette communication.

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#1 joseph on 08.05.08 at 4:01 pm

Hélène Laprévotte

Malcolm de Chazal, un Noir-Blanc

Mauricien d’origine franco-anglaise d’éducation swedenborgienne, Malcolm de Chazal est un écrivain blanc d’expression francophone qui se disait « un Noir-Blanc, un Blanc qui s’est noirci par son génie », considérant que les lettres mauriciennes avaient une couleur.

Ce poète qui devint peintre à la cinquantaine a toujours revendiqué une originalité radicale: “Non, cher ami, écrivait-il à Jean Paulhan, on ne trouvera pas d’influence de base à mon oeuvre. J’ai conçu, j’ai reçu ce message, seul en moi-même au-delà des terres d’ici-bas – l’esprit sain, le corps sain, l’âme saine, le coeur sain – j’ai été guidé, je me suis laissé mener.”
Il a peut-être plus influencé la littérature de l’île qu’il n’a été influencé par elle, mais il déclarait qu’il n’aurait pu avoir écrit son oeuvre ailleurs. Aussi, même si elle ne relève pas forcément de l’exotisme au sens occidental et entre en résonance avec Swedenborg, le surréalisme et ses précurseurs, ou les transcendentalistes américains, son oeuvre n?en est pas moins ancrée dans un contexte mauricien, repérable dans certains phénomènes de langue et certaines thématiques signalant un métissage plus structurel qu’épidermique.

Elodie Laügt

L’écriture aphoristique chazalienne ou la création d’un espace de dialogue

Je me propose de montrer comment l’écriture de l’écrivain mauricien Malcolm de Chazal constitue une pratique poétique et aphoristique originale dans le contexte postcolonial de la littérature francophone.

L’écriture chazalienne apparaît comme la création de multiples réseaux de correspondances (ou synesthésies) dont la philosophie esthétique est soutendue par l’idée que : « Le plus court chemin / De nous mêmes / A nous-mêmes / Est l’Univers » (Sens Magique, Paris : Lachenal & Ritter, 1983, p.54). J’examinerai comment Sens-Plastique (1948) et Sens-Magique (1957) s’inspirent à la fois de la tradition de l’écriture fragmentaire occidentale et de la culture orale mauricienne des sirandanes dans lesquelles Le Clézio écrit qu’ « il y a (…), sous l’apparence rassurante d’un jeu, une sagesse ancienne, nourrie par les racines d’un peuple tout entier. » (Sirandanes, Paris : Seghers, 1990. p.18). Je me concentrerai plus spécifiquement sur la notion de dialogue telle qu’elle apparaît sous la plume chazalienne, comme mise en Å“uvre et mise en scène d’une forme efficace – et bien souvent empreinte d’humour – de détournement ou renversement du sens. Cela me permettra alors d’envisager les formes d’énonciation courtes comme un moyen de résistance à une culture métropolitaine dominante.
«Ce qui nous empêche de voir Dieu, c’est que notre esprit est compliqué, et que Dieu est simple.»
[ Malcolm de Chazal ] – Sens-plastique

«Une femme qui raisonne est une femme à bout de sentiments.»
[ Malcolm de Chazal ] – Penser par étapes

«Apprendre, c’est se retrouver.»
[ Malcolm de Chazal ]

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