Une Tranche de Vie au St Mary’s College

J’ai eu que cette semaine l’hommage fait par l’ami Georges, pour mon cher professeur de mathématiques, de 1960! Que des souvenirs!Je suis tout à fait d’ accord avec l’hommage de Georges car ils sont pour la grande majorité bien éduqués, les étudiants qui ont passé sous sa férule. Mon appréciation de Paul Cheung est surtout « il était avant tout un homme déterminé dans ses actions tout en étant à l’écoute des autres. »

Je vous livre le texte :

HOMMAGE A PAUL CHEUNG

Pedagogue, ami, accompagnateur, catalyseur, voila comment nous qualifierons celui qui nous a quittes il y a seulement quelques jours. Son nom et sa silhouette, ainsi que son intonation et ses tics, resteront toujours graves dans le coeur de ceux qui l’ont connu. D’abord comme enseignant de mathematiques, ensuite recteur, puis mediateur enthousiaste aupres de plusieurs generations de ‘ Simmarians ‘.

Un temoin fidele

Paul Cheung fut le temoin privilegie d’une epoque pionniere qui vit le lancement d’un projet educatif temeraire dans un contexte difficile, les annees 1950-60. A ce titre il se devoua corps et ame a la realisation d’un ideal digne des grands educateurs de tous les temps : ‘ mens sana in corpore sano’ . Proposer un enseignement integral ( ‘an all-rounded education’ ) enrichi d’une formation chretienne avec pour objectif l’epanouissement de la jeunesse mauricienne dans le cadre verdoyant et spacieux de l’etablissement de la rue Ambrose a Rose-Hill. Jeune diplome de mathematiques tout juste rentre de Londres, il trouva la l’occasion de commencer une carriere d’enseignant avant de fonder une famille dont les membres aujourd’hui disparus sont toujours l’objet d’une affection partagee. Qui plus est, il demeura fidele durant cinq decennies a ce projet educatif beneficiant d’abord de l’apport des Freres-enseignants de la Congregation lassallienne, puis assurant au mieux de ses moyens la transition d’une epoque a l’autre, a chaque etape d’une reorientation decisive du projet initial concu surtout comme un service d’Eglise non-sectaire propose a la communaute mauricienne toute entiere.

Un enseignant-ne

Paul Cheung ‘jouait’ avec les elements d’algebre, de geometrie et de trigonometrie comme d’autres avec leurs instruments de musique preferes. Il savait motiver les moins doues, tant sa maitrise du sujet etait entrainante et convaincante. A la maniere des jesuites il faisait la part belle à la repetition, la revision et l’emulation, s’efforcant de faire repasser les notions acquises a travers la pratique soutenue des problemes. C’etait un enseignant-ne qui savait aussi stimuler et mettre en garde contre la complaisance avec une rare bonhomie. Genereux, il se preoccupait peu de ses honoraires, pourtant modestes. L’eleve importait plus que le ‘client potentiel’. Le repetiteur etait attentif a la condition socio-economique de l’eleve.

Un homme-pont

L’homme s’est toujours souvenu de ses anciens eleves, et grande etait sa joie de les retrouver avec leurs epouses de longues annees apres. Sa memoire etait vivace, son dynamisme inepuisable, sa gentillesse contagieuse. Il a toujours souhaite la perennite de l’experience scolaire, non pas a travers la nature figee dse souvenirs personnels mais l’action soutenue des rencontres et autres manifestations conviviales qui reunissent les eleves de differentes promotions. Il est dommage qu’il fut dans l’impossibilite de se joindre a nous lors de la commemoration du 50e anniversaire du college St Mary’s en decembre dernier, car il n’etait pas au pays.

Un temps bien utilise

Empruntons à Seneque ces lignes adressees a son disciple :

« Rien, Lucilius, ne nous appartient ; seul le temps est a nous. Ce bien fugitif et glissant est l’unique possession que nous ait departie la Nature ; et peut nous en chasser qui veut. Telle est la folie des humains qu’ils se sentent redevables du moindre cadeau peu couteux qu’on leur fait, cadeau remplacable en tout cas, mais que personne ne s’estime redevable du temps qu’il a recu en partage, alors que le plus reconnaissant des hommes ne pourrait le rendre. » ‘ Sur la brievete de la vie’, Lettres a Lucilius

En tout cas, cher Paul, vous n’avez pas perdu votre temps.

George L. Easton

Pour l’Amicale des Anciens