La prospective du monde est un sujet qui mintéresse et elle devrait intéresser surtout les entrepreneurs et dirigeants. Je vous livre ici ce texte glané sur le web. Il y a-t-il un dirigeant mauricien qui se soucie de la position de notre pays sur la carte mondiale en 2025 ?
Un rapport réalisé pour l’Union européenne dresse les grandes tendances du monde dans vingt ans. Fruit des travaux de chercheurs de tous les continents, cette synthèse, dont “La Croix” rend compte en exclusivité, indique aussi des pistes pour l’avenir de l’Europe
Une résidence de personnes âgées à Pékin, en octobre 2004. Les personnes âgées de plus de 65 ans vont passer de 7 % de la population chinoise aujourdhui à 20 % en 2025 (Photo Parks/AFP).
Comment sera le monde en 2025 ? LInstitut détudes de sécurité (IES) de lUnion européenne a passé au crible plus de 700 rapports établis par des agences spécialisées, des centres de recherche, des organismes internationaux, à travers le monde.
Chargé de nourrir la réflexion du haut représentant de lUnion européenne pour la politique de défense et de sécurité, Javier Solana, lIES présentera le fruit de son travail vendredi 6 octobre, lors de sa conférence annuelle à Paris. En avant-première, La Croix présente les grandes tendances constatées par les chercheurs, qui ont privilégié les scénarios médians.
La Chine aussi vieillit
Le vieillissement de la population nest pas le propre des pays les plus avancés. La Chine aussi y sera confrontée. Les personnes âgées de plus de 65 ans vont passer de 7 % de la population chinoise aujourdhui à 20 % en 2025. « La rapidité de cette évolution va créer des problèmes sociaux considérables et devrait ralentir la croissance économique chinoise », estime le rapport. LInde aura en 2025 une population de taille comparable, à 1,44 milliard dhabitants, mais beaucoup plus jeune.
Cest surtout au Japon et en Russie que le vieillissement de la population va devenir un défi de première importance. Le nombre total dhabitants va légèrement baisser au Japon, mais, surtout, lâge médian de la population va passer de 42,9 à 50 ans. La population active va se réduire fortement et le poids sur le système des retraites va saccroître. En Russie, la baisse de la population déjà amorcée pourrait atteindre 10 % en 2025 par rapport à 2005, à 129,2 millions dhabitants.
LUnion européenne (dans sa taille actuelle) verra sa population vieillir. Les États-Unis seront le seul grand pays industrialisé à échapper à cette tendance, du fait de limmigration. Non seulement, la population américaine augmentera (+ 17 %, à 364 millions en 2030), mais la part des actifs, les 20-64 ans, ne sérodera que très peu.
En revanche, lAfrique et le Moyen-Orient connaîtront des élans démographiques. La population devrait croître de 43 % à 48 % dans lAfrique subsaharienne et de 38 % dans la région Afrique du Nord-Moyen Orient, et ce alors que le niveau de développement restera très bas.
Les délocalisations continuent
La délocalisation de productions ou de services exigeant beaucoup de main-duvre va prendre de lampleur. Ce mouvement qui représentait en 2002 une valeur de un milliard deuros aura été multiplié par 20 dès lan prochain. Que ce soit en ouvrant une filiale dans un pays étranger ou en confiant sa production à une firme étrangère, les entreprises des pays développés auront dautant plus recours aux délocalisations que le progrès technologique, notamment dans le secteur des technologies de linformation et de la communication, les faciliteront. De quoi alimenter, prévient le rapport, des « tensions sociales et des réflexes protectionnistes ».
Toutefois, les trois puissances économiques avancées que sont les États-Unis, lUnion européenne et le Japon maintiendront en leur sein leurs secteurs les plus liés à la recherche-développement.
LEurope restera compétitive dans ses secteurs industriels clés, comme les télécommunications, lautomobile et laéronautique. « Il ne faut toutefois pas évacuer la possibilité que la Chine rattrape son retard dans les technologies de linformation, la biotechnologie et laéronautique, que Pékin a définies comme ses domaines de recherche prioritaires », indique le rapport. En 2025, le groupe des cinq plus grosses économies de la planète sera, quoi quil en soit, constitué par les États-Unis, la Chine, le Japon, lInde et lAllemagne.
Le pétrole et le charbon, toujours indispensables
En 2025, la pression sur les sources dénergie sera encore plus forte quaujourdhui. La demande mondiale devrait être de 50 % supérieure à ce quelle est actuellement. Les pays en développement représenteront les deux tiers de cette progression.
Le pétrole restera lénergie la plus demandée et représentera comme aujourdhui 35 % de la consommation totale dénergie. La consommation de gaz naturel connaîtra une croissance de 87 % dici à 2030. Celle du charbon croîtra dans des pays émergents comme lInde ou la Chine, qui utilisent ce minerai, présent dans leur sous-sol en abondance, pour leurs productions électriques. Lénergie nucléaire déclinera en Europe, par choix politique, alors quelle fera lobjet dinvestissements importants en Asie.
Cette évolution va entraîner une nette augmentation de lémission des gaz à effet de serre. Limpact sur le changement climatique sera sensible surtout à partir de 2030. La hausse des températures et la baisse de la pluviométrie concerneront surtout les régions arides et semi-arides comme le Moyen-Orient, la Corne de lAfrique, lAfrique du Nord, le sud de lAfrique, le nord-ouest de la Chine et lAsie centrale.
Selon le rapport, les ressources énergétiques sont « très probablement suffisantes », pour peu que des investissements « massifs » soient réalisés et que les pays producteurs permettent laccès à leurs réserves. Actuellement, 57 % des réserves mondiales de pétrole ne sont pas accessibles à des compagnies étrangères aux pays producteurs. Du fait de limportance de ses réserves, le Moyen-Orient continuera à jouer un rôle pivot en matière dhydrocarbures, malgré lémergence du pétrole de la mer Caspienne et du golfe de Guinée.
De nouvelles maladies
explosion démographique et urbaine, associée à la dégradation de lenvironnement et le réchauffement de la planète, pourrait conduire à lémergence de « nouvelles maladies », provoquées par des nouvelles souches virales. Le rapport met aussi en garde contre la possible réémergence de maladies plus anciennes ou la diffusion à plus large échelle de pathologies sévissant jusque-là dans certaines zones régionales.
Chaque année, dans le monde, le paludisme, le VIH-sida et la tuberculose tuent déjà six millions de personnes, principalement en Afrique et en Asie. Les seuls cas de tuberculose ont augmenté de 20 % au cours des dix dernières années. «Certaines prévisions indiquent que 35 millions de personnes pourraient mourir de la tuberculose dici à 2025, si cette tendance se poursuit», souligne le rapport. «Ces maladies mais aussi la dengue, les fièvres, les infections respiratoires et diarrhéiques menace le développement économique de régions entières», avertit le rapport.
Comment limiter le développement de ces maladies actuelles et futures et leur impact dramatique au niveau économique ? Les perspectives dans ce domaine restent « incertaines » selon le rapport. « Cela va autant dépendre de la mise au point future de vaccins et de traitements préventifs que du développement économique et social des zones concernées », soulignent les experts, qui mettent aussi en garde contre lémergence de nouveaux agents pathogènes. « Chaque année, un ou deux nouveaux agents sont identifiés et leurs mutations potentielles sont toujours très difficiles à prévoir », concluent les experts en citant lexemple du Sras ou de la grippe aviaire.
Un monde plus interdépendant
En 2025, le monde sera plus interdépendant et plus interconnecté mais en même temps plus divers et plus inégal. Donc, potentiellement plus instable et plus conflictuel. En labsence dun système politique international clairement établi comme la confrontation Est-Ouest au temps de la guerre froide, la mondialisation continuera à être le facteur dominant. En labsence dune puissance hégémonique, aucun État ne sera en mesure de dicter seul les règles du jeu. Il sera plus difficile dagir collectivement dans des domaines comme la lutte contre la pauvreté ou la protection de lenvironnement.
Enfin, la capacité du monde occidental à peser sur les affaires internationales sera en question, au moment où sa part dans la population et léconomie mondiales se réduiront. LOccident aura de plus en plus de mal à définir le calendrier international et des nouvelles formes de coopération internationale devront être trouvées.
Ce système multipolaire pourra favoriser la coopération multilatérale aussi bien que la concurrence entre puissances pour laccès aux ressources énergétiques, aux marchés et aux sphères dinfluences. Le choix pour les États-Unis et lEurope pourrait être entre un système de gouvernance collectif et inclusif sur une base multilatérale ou une nouvelle forme de bipolarité idéologique opposant une alliance des démocraties au reste du monde.
Les États-Unis, puissance contestée
Les États-Unis maintiendront leur statut de superpuissance mais sans forcément réussir à préserver la position hégémonique quils occupent depuis la fin de la guerre froide. Véritable exception dans le monde développé, la population américaine augmentera, en grande partie sous leffet de limmigration hispanique. En 2025, les États-Unis seront plus hispaniques, une société pratiquement bilingue avec une plus grande exigence de protection sociale.
La demande pour un rôle accru de lÉtat pourrait augmenter, face aux défis du terrorisme et de limmigration illégale. Linégalité dans la distribution de la richesse continuera de se creuser. La religion restera un facteur important dans les comportements et les attitudes sociales mais son impact sur la vie publique ne devrait pas beaucoup changer.
À lavenir, lexpérience irakienne devrait contribuer à renforcer aux États-Unis la conscience de leurs limites, en termes de moyens et dinfluence. Il nempêche. Lopinion publique américaine devrait rester aux antipodes de lopinion mondiale sur des questions clés comme le protocole de Kyoto, la guerre préventive, le rôle de lONU ou laide sociale. Lévolution de la relation états-Unis-Chine, entre rivalité et interdépendance, sera lun des paramètres clés du futur ordre international. La sécurité des approvisionnements énergétiques continuera à structurer la stratégie américaine, qui visera à donner plus dimportance à lAfrique et à lAmérique latine au détriment du Moyen-Orient.
LAfrique et le Moyen-Orient enlisés
LAfrique et le Moyen-Orient vont demeurer des régions dinstabilité chronique à lhorizon 2025, avec de nombreux risques dexacerbation du fait des évolutions démographiques, climatologiques et économiques. Si des scénarios optimistes basés sur une meilleure gouvernance laissent espérer une amélioration de léconomie, atténuant la pression de la génération en âge de travailler, les analystes misent plutôt sur laggravation de deux facteurs : la polarisation de léconomie sur les matières premières et la persistance de conflits.
Ils prévoient une forte augmentation de la production pétrolière en Afrique subsaharienne, notamment en Angola et au Nigeria, ainsi que dans le monde arabe, où lon envisage une hausse de 74 % de lextraction pétrolière et un triplement de la production de gaz dici à 2030. Dans le même temps, labsence de révolution verte en Afrique subsaharienne devrait entraîner une plus grande dépendance alimentaire vis-à -vis de lextérieur.
Le conflit israélo-palestinien va plus que jamais « servir de catalyseur et de démultiplicateur des tensions régionales » dans un contexte de dilemme croissant entre démocratisation et islamisation. « Al-Qaida en tant que tel est un phénomène transitoire, mais le jihadisme continue de croître », affirme le rapport, qui insiste notamment sur la montée en puissance du chiisme. Au sud du Sahara, plusieurs aires de conflits régionaux (Afrique de lOuest, Grands Lacs et triangle Soudan-Tchad-Centrafrique) devraient perdurer, malgré la présence dune Afrique du Sud prometteuse.
Quatre nouveaux pays à la table des grands
Le produit intérieur brut de la Chine devrait tripler dici à 2025 et faire de cette économie la deuxième plus importante au monde après les États-Unis. Mais, pour bénéficier dune croissance durable, la Chine devra affronter son problème environnemental : 800 millions de Chinois vivront alors dans les villes ; la Chine représentera 19 % des émissions mondiales de CO2 et les trois quarts de ses rivières seront polluées. Sur le plan politique, peu douverture est à attendre dans un proche avenir. On peut estimer que la Chine évoluera vers un régime «autoritaire soft».
LInde deviendra en 2025 la quatrième puissance économique mondiale. Cette démocratie devra continuer à mener sa « discrimination positive », afin de promouvoir les castes inférieures car son développement économique risquera de creuser les disparités régionales et de marginaliser sa minorité musulmane, forte de 130 millions dIndiens. Sur le plan international, elle jouera la carte américaine, pour contrebalancer la montée de la Chine et le fondamentalisme des musulmans dAsie du Sud-Est.
En Amérique latine, deux pays vont également simposer, le Mexique, arrimé aux États-Unis, et le Brésil, pôle économique solide pour ses voisins.
La Russie, plus riche, moins forte
Adieu, le souvenir de lURSS ! Dans vingt ans, les vastes territoires de lEurasie auront vu saffirmer des sous-ensembles régionaux. Toute lAsie centrale regardera davantage vers Pékin et moins vers Moscou, tandis que la Moldavie, lUkraine et la Biélorussie, tout comme le sud du Caucase, subiront lattraction de lUnion européenne et de lOtan.
La Russie, de son côté, est en passe de redevenir un pays riche grâce à ses ressources pétrolières et gazières. Dans vingt ans, son PIB devrait être léquivalant de celui de la France et lItalie réunies, alors quaujourdhui, il est inférieur à celui de la France. Mais la Russie devra faire face à des défis existentiels. La chute du nombre dhabitants, due à la mortalité élevée et à la faible natalité va saccélérer dautant que leffet de lépidémie de sida va se faire sentir.
De plus, les inégalités vont se creuser entre certaines régions riches appartenant au « premier monde » et dautres, délaissées, qui se retrouveront avec les problèmes du tiers-monde, désertées par les plus jeunes qui iront chercher du travail dans les villes prospères. Dès lors, la question de lévolution du régime actuel, de type « démocratique autoritaire », demeure entière.
LEurope soumise à une rude concurrence
LEurope va être soumise dune façon croissante aux effets de la globalisation de léconomie. Sa base industrielle va se réduire, ce qui entraînera dimportantes réductions demploi dans des secteurs à forte main-duvre.
Elle pourra toutefois maintenir une position forte dans les productions à grande valeur ajoutée, comme la chimie, la pharmacie, les télécommunications ou les énergies renouvelables, à condition de rester performante dans linnovation technologique. Cela nécessiterait un effort de recherche et développement supérieur à 3 % du PIB, ce qui est loin dêtre le cas aujourdhui. Sur les secteurs des biotechnologies et des nanotechnologies, la concurrence des États-Unis et de la Chine sannonce très rude.
Ces changements surviendront dans un contexte de raréfaction et de vieillissement de la population active qui va nécessiter de lourdes réformes des systèmes de sécurité sociale, des marchés du travail et des systèmes éducatifs. La population totale de lEurope à 25 va continuer à saccroître, de 458 millions à 470 millions dhabitants en 2025, mais celle de lAllemagne, de lItalie et de lEspagne va diminuer. Le nombre des personnes âgées de 65 à 79 ans va augmenter de 37 %. Limmigration devrait se poursuivre au rythme de 600 000 à un million de personnes par an mais cela ne renversera pas la pression sur les systèmes de retraite et de sécurité sociale.
En 2025, lEurope sera toujours lune des régions les plus sûres et les plus riches du monde mais son voisinage sera turbulent. Les violences politiques, religieuses et ethniques au Proche et Moyen-Orient pourraient conduire à leffondrement des régimes pro-occidentaux ; la pauvreté en Afrique va maintenir la pression migratoire ; la Russie pourrait devenir un « partenaire » insaisissable.
Pierre BIENVAULT, Pierre Cochez, François dALANÇON, Laurent dERSU, Alain GUILLEMOLES, Sébastien Maillard, Jean-Christophe PLOQUIN
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