Caen et Abel

En Decembre 2002, j ‘avais,en compagnie de mes amis de L’Association pour le progres du Management, assiste a une conference d’ Oded Eldad. Je suis emerveille qu ‘un simple texte biblique, que nous lisons souvent a la va vite, peut contenir une richesse si grande quand des personnes, tel que Oded, qui on etudie le texte nous livrent leur savoir.C’est l ouverture de la boite de Pandore.

Ainsi je voudrai partager le contenu de cette conference qui 4 ans apres me reste toujours present et continue de m’instruire et de m’enrichir.Quand je vois et entend au jourd hui les differents entre freres et soeurs d une meme famille surtout en matiere de heritage?Guerre fraticide qui a mene au meutre! Le recit de Caen et Abel se vit toujours.

Qu’a ton appris depuis?

Citations

Le best seller de tous les temps

Le livre le plus lu de tous les temps

Le livre le moins compris?

La Bible.

Variations sur des thèmes bibliques:

Oded Eldad

Frustration et passage à l’acte: “Caen et Abel”

Pulsion et Loi: “Moise”

L’entrepreneur et le projet:” L’Arche de Noé”

Clés de lecture des textes bibliques.

· La concision du texte, d’où la richesse du mot et la nécessité de « l’écouter » et de le scruter attentivement,

· Les silences comme en musique ont aussi leur importance ainsi que la place du mot dans la phrase et celle de la phrase dans le texte.

· Le ou les sens des « dits » et des « non-dits. » Etant donné sa concision et sa sobriété chaque détail qui nous semble évident (donc inutile) doit nous interpeller et nous inviter à rechercher la raison profonde pour laquelle il est mentionné.

· Le texte original en hébreu biblique était écrit sans vocalisation (en hébreu les voyelles sont des petits signes (traits et points) qui se placent sous la consonne. Ce système de vocalisation sous forme de signes a été inventé tardivement, environ au septième siècle et jusque là la transmission de la lecture (donc la vocalisation) se faisait oralement. Le texte reste donc ouvert à des possibilités de lecture différentes donc de sens différents. Ceci ainsi que la concision du texte permettent une richesse d’ interprétations de sens nuancées. Cependant cette liberté d’interprétation n’est pas illimitée et elle demande même de la rigueur puisqu’un travail sérieux de recherche sémantique est nécessaire afin de cerner tous les sens possibles du mot tel qu’il apparaît dans ses différents contextes dans la bible.

· Le texte biblique a donc été commenté et interprété à travers les siècles et il continue jusqu’à ce jour à être l’objet de réflexions d’une très grande richesse.

La complexité, donc la richesse du texte biblique peut être comparée à celle de l’âme humaine qui est en fait un des thèmes principaux de la bible.

Ceci peut être illustré par une citation du livre de « L’ecclésiaste » qui exprime cette complexité et richesse de l’âme humaine par ces fameux versets :

« Il y a un temps pour tout :

Un temps pour naître et un temps pour mourir

Un temps pour planter et un temps pour déraciner ce qui est planté

Un temps pour tuer et un temps pour guérir

Un temps pour faire une brèche et un temps pour construire

Un temps pour pleurer et un temps pour se réjouir etc. »

L’Ecclésiaste Chapitre 3

Premier temps

Caen et Abel Genèse Chap II

Les principales questions :

– Quel sens donner aux paroles prononcées par Eve à la naissance de Caïn: “J’ai acquis un homme avec Yahvé? »

– Quel rôle joue-donc Adam (époux et père) dans ce récit? Est-il seulement un géniteur ou aussi un « père » ?

– Eve semble ignorer ou même « escamoter » le rôle d’Adam dans la naissance de Caen. En effet Adam n’est plus mentionné à partir du deuxième verset. Elle semble même douter qu’il soit le géniteur.

– Qu’est qui différencie la description des deux naissances (de Caen et de Abel ?

– Pourquoi cette discrimination que fait Dieu en acceptant le présent d’Abel et en refusant celui de Caen ?

– Dieu semble injustement, en tous cas apparemment, provoquer , le drame qui mènera Caen au meurtre.

La première naissance dans la famille.

Beaucoup de mères évoquent le sentiment d’émerveillement qu’éveille la première naissance. Beaucoup parlent de “magie”, de “miracle” dans le fait de donner la vie.

A la naissance de Caen, Eve prononce une phrase qui a donné lieu à plusieurs interprétations et a été beaucoup discutée disant “J’ai acquis un homme avec l’Eternel”, on a l’impression qu’elle se sent partenaire de Dieu dans la création d’un homme. Peut-être pense-elle qu’il y a en elle quelque chose du Divin ? Et on se pose des questions sur l’absence d’Adam son époux et le fait qu’elle semble ignorer la participation d’Adam à la naissance de Caen. Le silence d’Adam lui aussi est étrange. Après avoir donné naissance il semble pratiquement inexistant. Il semblerait qu’Adam est un « père absent. »

Du couple à la famille: La place et le rôle des conjoints dans la famille:

Comme mentionné plus haut le père Adam semble ne pas être présent alors qu’Eve semble semble se considérer associée à Dieu dans la création. Quelle est donc la place du père et celle de la mère dans cette nouvelle constellation que provoque la première naissance . En effet Il se produit un changement qualitatif : “le couple se transforme en famille” et la place et le rôle des conjoints vont subir des transformations

Le père va-t-il y trouver sa place, affirmer sa présence et jouer son nouveau rôle de père ? Quelle relation va-t-elle s’établir entre les conjoints et leur nouveau-né ? La mère va-t-elle encourager ou tout au moins permettre au père de s’affirmer et de trouver sa place de père dans cette nouvelle constellation ?

Les enfants :

Le premier né : le fils

Et le deuxième: le frère

La naissance de Caen est décrite avec une profusion de détails. Elle est le produit de l’amour de Adam pour sa femme Eve, il est mentionné qu’Eve le conçut (la conception en hébreu aussi bien qu’en français n’est pas un concept purement biologique mais aussi spirituel.) Sa naissance semble être tout au moins sous le signe du Divin ou peut-être avec la participation de Dieu.

La naissance d’Abel soulève beaucoup de questions: il semblerait qu’il y avait dans sa venue au monde une sorte de banalisation. Il n’y a plus ce même émerveillement qui caractérisait la première naissance. (“elle ajouta d’enfanter”). Abel est nommé tout au début de sa vie le “frère de“. Avant même que d’être nommé comme être autonome, il est nommé « frère de. » Il semble n’exister que par rapport à son frère. Abel en hébreu signifie la buée alors que Caën vient de la racine du mot acquisition ou aussi jalousie.

De là une discussion très enrichissante sur la place des enfants dans la famille et sur la façon dont ils sont perçus respectivement par le père et la mère.

Le premier né: Le FILS:

En plus du sentiment d’émerveillement déjà mentionné, le premier est dés sa naissance « fils.» Sa condition naturelle, son premier vécu est d’être fils et ses premières relations humaines sont celles de fils vis à vis de son père et de sa mère. ” Ce qui le caractérise aussi est le fait qu’il n’ a pas encore expérimenté l’altérité.

Par sa venue au monde le couple se voit transformé en “famille

Le deuxième enfant est né FRERE

Le premier « vécu » du deuxième enfant est le vécu de « frère » la relation à l’autre est son vécu naturel. Dés sa venue au monde il est dans une situation de relation et d’altérité ( de ceci ne découle évidemment aucun jugement de valeur puisque beaucoup d’autres facteurs sont en jeu dans le développement de chacun des enfants)

La Bible dans ce quatrième chapitre qui est en fait l’histoire (symbolique) de la première humanité, nous présente toute la problématique des relations familiales (les relations complexes père, mère, enfants et frères) qui dans ce cas vont aboutir au premier meurtre.

Dans son livre « La Bible et ses fantômes » le psychanalyste Didier Dumas intitule un de ses chapitres :

« Caen et Abel deux enfants destinés à la psychose ». Didier Dumas parle de la « forclusion (exclusion) du nom du père » et des conséquences possibles sur le développement des deux frères.

La fusion, la séparation et la relation:

Nous avons aussi parlé de l’acte de la création du monde comme une sortie du chaos ce qui veut dire aussi une sortie de la fusion. Par l’acte de la création Dieu sépare les éléments (la terre et le ciel, les eaux d’en haut et les eaux d’en bas, la terre et les mers et toutes les espèces suivant leur genre). L’apogée est dans le fait même de la séparation de l’homme et de la femme, Adam fut crée mâle et femelle avant d’être séparé « mâle et femelle il les créa » (Genèse Chp 1)

Nous avons donc discuté de la sortie de la fusion ou de la symbiose, de la séparation qui elle seule permet la relation. Là où il y a fusion il n’y a pas de relation.

Cependant à partir du moment où deux êtres sont séparés, distincts et autonomes, se pose nécessairement la question de la relation.

Y aura-t-il relation d’égal à égal, de deux êtres dotés de vie et d’identité propre ou alors l’un tentera-t-il “d’avaler” l’autre. L’individu va-t-il envahir tout l’espace (ce qui paradoxalement mènerait inéluctablement à la solitude) ou va-t-il laisser aussi la place à l’autre. Va-t-il s’établir une relation de JE à JE ( c’est à dire de sujet à sujet) ou celle de sujet à objet, l’un considérant l’autre comme un objet que l’on peut manipuler à sa guise. La question se pose dans toute situation sociale et donc aussi dans l’entreprise. Au sein donc de l’entreprise va-t-on considérer les autres comme des objets ou plutôt voir l’autre comme un “autre”, comme un sujet doté de ses propres capacités et de là lui laisser sa place.

En vérité toute la discussion finit par tourner autour du thème de l’altérité et de la place qu’il faut laisser à l’autre.

Le don:

Dans ce chapitre Dieu se montre favorable à Abel et à son offrande et il ne se montre pas favorable à Caen et à son offrande.

Certains se posent des questions concernant la justice et le comportement peut-être injuste ou arbitraire de Dieu, comportement qui aurait provoqué le drame humain, l’éveil de la jalousie et du meurtre. Certains commentaires nous font remarquer que Caen qui a apporté « des fruits de la terre » ne s’est pas investi dans ce don alors qu’Abel apporta « de ses premiers nés » ceci est renforcé par le fait que le texte nous dit qu’Abel apporta « lui aussi » ; Tout dépendra de l’interprétation que l’on donnera à ce « lui aussi ». Peut-être en effet lce “lui aussi” semble nous dire qu’Abel s’est apporté lui aussi. Suivant certaines interprétations Caen se s’est pas investi dans son présent. Il n’est donc pas “présent dans son présent” Dieu refuse la non existence de Caen telle qu’elle s’exprime dans ce don non personnalisé.

Le prophète Isaïe haranguant le peuple hébreu lui dit

« Le bœuf a connu son maître et l’âne l’auge de son maître et mon peuple ne m’a pas connu (reconnu, aimé)» Isaïe chapitre 2.

Isaïe avait remarqué que lorsque l’on donne à manger au bÅ“uf il tourne son regard vers son maître alors que l’âne lui, se précipite sur la nourriture (à noter que la langue hébraïque utilise le même mot (Shor) pour désigner le bÅ“uf et le regard alors que le mot âne en hébreu est tiré de la racine du mot matière; le prophète Isaïe fait là une distinction nette quant au principe du don. Dans cette métaphore, il y a dans le cas premier, la relation de celui qui reçoit à celui qui donne, autrement dit une relation de sujet à sujet où le don sert de médiateur d’un sujet à un autre. Dans le cas de l’âne il y relation à l’objet. C’est l’objet et non pas celui qui donne qui est apprécié par celui qui reçoit. Le don peut être perçu comme un objet ou comme un investissement d’un sujet à un autre sujet. Cette métaphore nous mène à une réflexion sur la nature du don et est particulièrement pertinent en ce qui concerne les relations du dirigeant et de son entreprise. Comment donner et recevoir afin que le don soit perçu comme un signe de relation personnelle de sujet à sujet ?

Gratifier le personnel de l’entreprise et si oui pourquoi le faire, comment le faire ?

La mort et le sacrifice

D’une façon surprenante nous constatons que paradoxalementc’est Abel le premier qui donne la mort puisqu’il sacrifie les premiers nés de son troupeau et offre leurs parties grasses. Nous avons constaté qu’une des fonctions possibles du sacrifice serait d’exorciser la mort. Il semblerait en tous cas qu’Abel sacrifie symboliquement son frère Caen (puisqu’il a sacrifié les premiers nés) . Il aurait peut-être inventé là ce mécanisme que l’on appelle aujourd’hui un « déplacement de l’agressivité sur un autre objet » ce qui serait donc une des fonctions souvent inconscientes du sacrifice à savoir:l’ évacuation de son agressivité en la détournant sur un objet autre que le sujet premier.

Caen par contre passe à l’acte et il sacrifie l’objet même de sa frustration c’est à dire Abel lui-même.

Le déterminisme ou le libre arbitre:

La question est posée dans toute son acuité dans ce texte. Dieu dit à Caen qu’il est un homme libre et qu’il peut prendre sa vie en mains et maîtriser sa violence. « Le mauvais penchant ou le péché est tapis à ton ouverture et toi gouvernes le » Caen par contre semble dire que l’homme est préprogrammé, nous serions donc tous des objets du déterminisme sur lequel nous n’avons aucune maîtrise. En effet à la question posée par Dieu « Où est Abel ton frère ? » Il réplique par une réponse ambiguë qui pourrait s’interpréter de la façon suivante : « Le gardien de mon frère c’est JE mais je ne suis pas un JE, sujet, je ne suis qu’un MOI, objet. Le seul JE sujet, c’est TOI le Seigneur et c’est Toi qui m’a créé avec le mauvais penchant

De là découle la négation de toute responsabilité de l’homme. Dieu seul serait responsable de sa création et de ses créatures. Ce qui déchargerait l’être humain de toute responsabilité et de tout activisme. De ce thème. Découlent des questions existentielles importantes: Peut-on changer le cours des évènements ? Peut-on imaginer l’impossible ? Peut-on faire une brèche dans la muraille du déterminisme. L’intervenant a cité un écrivain qui disait qu’un véritable dirigeant est celui qui dans tout mur dressé devant lui, voit une brèche ou une ouverture.

Comment s’acheminer vers ce sentiment de responsabilité qui ne peut être vraiment vécu que dans un sentiment de liberté ?

D’autres thèmes soulevés autour de ce texte :

– La jalousie,la frustration et la capacité de les gérer ou alors le passage à la violence,

– le dialogue ou l’échec de la parole lorsqu’elle n’est pas conçue comme un dialogue véritable mais seulement comme un moyen de transformer l’autre en un objet passif sur lequel on déverse son ressentiment. Le dialogue est un mode de relation de sujet à sujet et demande une écoute attentive de l’autre. « Caën dit à Abel » la bible ne mentionne pas ce qu’il dit ce qui laisse entendre qu’il n’y a pas eu dialogue mais monologue. Certains perçoivent cela comme une censure de la bible, censure des paroles horribles que Caen aurait pu dire à Abel.

– La liberté et l’altérité et les limites de la liberté.

– Les principales causes possibles des conflits: économiques, religieuses, la relation de l’homme à la femme et enfin la vision de l’autre comme un miroir de nous même. La nécessité de l’existence “de l’autre” pour exister soi-même et se situer et la difficulté de vivre avec l’autre;

A)

B) Conclusion : L’étude de ce texte fondateur nous conduit à une réflexion approfondie sur la genèse et les questions existentielles concernant l’attitude et le comportement humain, l’altérité, le dialogue, la violence, la relation, le déterminisme et la responsabilité.

C) Il est intéressant de noter que ce premier meurtre dans la bible prend place entre deux frères et que comme certains le mentionnent, ce premier meurtre était peut-être nécessaire (symboliquement) pour l‘avènement de l’éthique et de la loi ;

Deuxième temps

De la pulsion à la loi : Moise

Exode Chapitre 2


Histoire de la naissance de Moise se situe dans le contexte d’un régime totalitaire où le respect de la vie humaine et la dignité de l’individu n’ont plus aucune valeur. Dans cette société le “Je” comme concept disparaît, l’homme est fondu dans la grande masse. La violence prend la place du dialogue.

C’est en fait un état qui rappelle le chaos original. Alors que le Tohu Bohu de la Création serait un chaos cosmique, Moise apparaît dans un moment de chaos humain et social.

Dans ce contexte se sont les femmes qui vont unir leurs efforts pour que de ce chaos humain et social émergent à nouveau les valeurs fondamentales de la société. Ce sont elles qui vont donner la vie et rendre à l’homme sa dignité d’homme: la mère et la sÅ“ur de Moise, la fille de Pharaon et les sage-femmes vont enfreindre les lois du pays et risquer leur vie pour donner la vie.

Dans la première partie du Chapître II de l’exode qui nous raconte la naissance de Moïse on remarque la compassion et la capacité d’ouverture de la fille de Pharaon qui prend sur elle d’enfreindre les lois du pays, symbolisées par son propre père, pour ouvrir l’arche.

Elle nous enseigne cette capacité extraordinaire d’ouverture, de vision de l’autre dans sa détresse, le courage, et sa vision d’un avenir, d’un projet humain qui va rendre possible la naissance du grand législateur que sera Moise.

Paradoxalement l’histoire de Moise le grand législateur commencera par la violence et par un meurtre. Ce même Moise qui finira par apporter LA LOI (fondement aujourd’hui de toute la civilisation judéo-chrétienne) commence sa vie d’adulte par un acte pulsionnel: il tue

Toute l’ histoire de Moise sera celle de son cheminement douloureux et tragique et de l’émergence et la découverte en lui-même de l’homme avec toutes ses failles mais aussi sa prise de conscience d’un concept universel de l’homme.

Il faut apprendre à scruter le texte pour en découvrir les nuances importantes qui nous décrivent cette évolution de l’homme Moise:

– dans son sentiment très exacerbé de justice il passera d’une réaction de violence qui le poussera au meurtre, à la parole et enfin à l’acte positif de libérer « l’autre » et “abreuver les troupeaux”.
D’un concept de justice égocentrique ou ethnocentrique (se soulever et défendre les siens contre l’oppresseur étranger, il se lèvera plus tard pour secourir des étrangers), il fera sien ce sentiment de justice universaliste qui ne tient pas compte de l’appartenance ethnique, religieuse, nationale ou autre.

Dans ce texte nous avons pu découvrir l’importance de l’éducation et le rayonnement de ces deux femmes : la mère biologique de Moise qui va l’allaiter (symboliquement) et sa mère adoptive, l’Egyptienne fille de Pharaon, sa mère sociologique qui lui a légué le don de l’ouverture, la capacité de voir « l’autre » et la compassion.
Nous avons aussi distingué chez Moise la découverte progressive et bien souvent douloureuse du concept de
“L’HOMME”. Nous avons suivi cette exploration de la vie humaine qu’expérimente Moise qui constate, parfois en lui-même, la disparition de l’HOMME ( au sens d’humanité) et qui finit par découvrir l’HOMME comme concept universel qu’il soit égyptien, hébreu ou autre.

Nous avons terminé l’étude de ce texte par un diagramme schématisant le cheminement de Moise, ses découvertes douloureuses de la réalité humaine parfois si décevante, ses échecs et aussi sa maturation.
Son histoire qui a débuté comme celle d’un
comme un enfant allaité aboutira à l’émergence d’un homme qui abreuvera l’autre. L’investissement des deux “mères” aura porté ses fruits .et lui aura permis de “GRANDIR”

Il est important de noter que Moise qui fait ce cheminement d’un comportement pulsionnel à la découverte et l’institution de la LOI (Les dix commandements,) brisera plus tard de ses propres mains ces Tables de la LOI. Sous l’injonction Divine il devra tailler lui-même de nouvelles tables sur lesquelles seront gravés à nouveau les dix commandements.

La Bible dans son réalisme de l’humain nous enseigne que rien n’est jamais définitivement acquis et que l’homme doit sans cesse se mesurer avec lui-même.

Texte supplementaire fourni par Monsieur Eldad que nous avons pas eu le temps de traiter.

Noé L’architecte

Etant donné l’heure tardive l’intervenant a décrit brièvement la troisième activité prévue que nous n’avons pas eu le temps de réaliser vu l’investissement intensif du groupe dans les deux premières parties de la journée. Il était question de planifier la construction de l’arche de Noé en vue du déluge.

Le déluge est conçu comme la destruction du monde par Dieu ou peut-être aussi par les hommes qui par leur corruption ramènent le monde au chaos original.

La mission de Noé était donc la mission gigantesque non seulement de sauver une partie de l’humanité mais aussi de préparer le monde « d’après le déluge. » Les gens et les animaux sont restés dans l’arche une année entière il fallait donc prévoir tous les besoins physiques, humains et sociaux et les problèmes de survie et de cohabitation.

En bref Noé se trouvait devant la mission de gérer un monde où « le loup cohabiterait avec l’agneau. » Il était aussi chargé de protéger l’arche des agressions extérieures et intérieures. C’était donc l’expérience de la cohabitation pacifique et surtout la responsabilité qui était celle de Noé et sa famille de gérer ce petit monde « modèle » qui devait préparer l’humanité à « l’après déluge ». Les participants étaient donc censés vivre « symboliquement » cette responsabilité et planifier la préparation de la construction de l’arche. La règle du jeu mettant tous les acquis de la science et de la technologie moderne au service « ingénieurs » du projet.

L’arche de Noé pourrait être comprise comme étant celle de tout groupe humain: la famille, le couple, l’entreprise que nous devons toud gérer mais aussi comme une métaphore de l’être humain lui-même. Chacun d’entre nous serait donc une « arche » qu’il faudrait gérer d’une façon permanente et protéger non seulement des agressions extérieures mais aussi de nos propres pulsions. Autrement dit faire cohabiter le loup en l’agneau qui sont en nous.

A l’exemple de Noé chacun serait « architecte » du monde et de

lui-même.

Fin de citation

Je ne peux que me rejouir et rendre grace a Dieu d’avoir placer Oded sur ma voix.

Tribulations des immigrants chinois venus a Maurice

Propos bibliographiques recueillis de Philippe Ng Sing Kwong, le 15 octobre 2005, quelques mois avant son départ.

Photo de Philippe Ng mon beau pere

Philippe est né en 1922 à Meixian, en Chine. A l’âge de 18 mois, il fut adopté par sa nouvelle famille, et ne se souvient pas de ses parents biologiques. C’est très coutumier à Meixian et ailleurs en Chine d’être adopté par des proches parents sans enfant. Il passa son adolescence dans sa famille d’adoption qui a contribué à son éducation primaire. Il fréquenta l’école jusqu’à la sixième.

Après ses études, n’ayant pas de travail dans le village car les temps étaient très durs, il fut approché par un oncle de la famille Ng, qui était de retour de Maurice dans le village, et qui cherchait à recruter de la main-d’œuvre pour soutenir ses activités. Ainsi, un oncle, sous le nom de Ng Young Kwong, avança de l’argent pour payer son passage en bateau à destination de Maurice. Philippe décida de partir malgré son âge très jeune (16 ans), rempli d’un esprit d’aventure et motivé par un devoir d’accomplir sa vie.

En 1938, il débarqua à Maurice, et fut accueilli par son bienfaiteur, tonton Ng Young Kwong. Il commença ses armes comme nouveau venu dans une boutique à Mahebourg, tenu par la famille Wan, ancêtre des Wan Sek Law. Néophytes, ne parlant pas le langage, il est coutumier aux nouveaux arrivants d’être chargés des tâches les plus ardues pour servir le reste des employés de la boutique. Ainsi, il était apprenti cuisinier, marmiton, manutentionnaire en attendant d’apprendre le créole. Trois ans durant, il progressa et commença à maitriser le créole. Au terme de son emploi à Mahebourg, boutique éloigné dans la campagne, il devint commis, donc, était capable de servir la clientèle.

Sur recommandation de ses proches de la famille Ng, maintenant capable de converser dans le langage, il fut offert une nouvelle position, comme assistant commis, dans un grand magasin de Port Louis, dont les propriétaires étaient les Ng Yelim. Philippe voyait dans sa mutation vers Port Louis, une opportunité de s’épanouir et d’avancer dans la vie. C’était, en quelque sorte, une progression car, d’une petite boutique campagnarde à un magasin en ville, son statut augmentait.Le travail en ville était moins contraignant au point de vue horaire car les magasins, en ville avaient des horaires établies, contrairement aux boutiques de la campagne. Quatre ans durant, il apprit les rouages du commerce.

Juste après la guerre, en 1945, sur l’incitation de son oncle, le papa de Kwet Toung, il décida de partir de chez les Ng Yelim pour établir une boutique à la rue des Pamplemousses. Encore une fois, il voyait une opportunié d’être à son propre compte, autonome, et de fonder, par esprit du devoir, une famille. Avec un capital de Rs.3000, financé largement par son oncle, ils opéraient cette boutique. L’oncle était le partenaire principal, et utilisait ses contacts pour approvisionner la boutique en marchandises, et Philippe tenait la boutique. Bon an, mal an, ils s’en sortaient et avaient de quoi survivre. Malheureusement, au dire de Philippe, l’oncle acquittait ses dettes des surplus des recettes de la boutique. Comme ses dettes étaient supérieures des revenus générés par la boutique, leur commerce, sur l’insistance des fournisseurs, était intenable car ils étaient dans l’impossibilité de s’approvisionner en marchandises. Notre Philippe se retrouva démuni de ses économies et devait retrouver un autre travail. Peut être une défaite dans la vie qui l’a bien marqué, mais ô combien, le motivait pour faire encore mieux !

Il trouva de l’emploi comme commis dans une boutique à la rue Barbeau, chez les Li et y logeait. En 1946, il économisa suffisament d’argent pour faire venir sa « promise » de Chine. En effet, pendant son absence de Chine, ses parents avaient choisi une fille qui, selon la coutume, rejoignit la maison de la famille à l’âge de 11 ans. 1948 vit l’arrivée d’Edna à Maurice. Il rencontra sa femme pour la première fois et celle-ci le rejoignit dans son logis à la rue Barbeau. Puis il travailla à Beau Bassin, chez M. Ip Ten Youn, jusqu’au mois de septembre 1950. Par ailleurs, ils élirent domicile à la rue Bombay, où naquit Ah Pine dans la même année.

Toujours par le réseau de la famille Ng, la famille Ng King Kwong de Port Mathurin proposa du travail à Philippe. L’opportunité lui sourit encore une fois. Ils déciderènt donc de partir et de s’établir à Rodrigues. Il travailla quelques temps chez la famille Ng King Kwong, jusqu’au jour où, sur les recommandations de France Wong Kee Chuan, ils décidèrent d’ouvrir conjointement un commerce à la Ferme. Comme la famille avait déjà un commerce bien établi à Port Mathurin, Philippe était chargé de s’occuper de la boutique de la Ferme.

En 1957, d’un commun accord avec France Wong Kee Chuan, Philippe devint le seul propriétaire du commerce de la Ferme. Il réussit, à ce moment là, son rêve d’être autonome, indépendant et responsable de lui. Une nouvelle fierté et dignité augmentaient son estime en soi. Ainsi, sa famille s’agrandit et le commerce prospéra. Ce fut, cette fois-ci, le bon filon

Les réussites successives de ses enfants aux examens de la petite bourse, les succès de ses enfants dans leur vie sont une fois de plus source de fierté pour lui et sa famille. Le devoir d’un chinois n’est t-il pas de voir réussir ses progénitures pour marquer sa propre vie ? D’avoir dans sa famille des professionnels – mèdecin, ingénieur, professeur d’université – ne fait que couronner les efforts et labeurs donnés toute une vie sacrifiée à la cause du devoir.

Son vœu pour l’avenir était de voir encore réussir ses enfants et petits enfants dans leur vie.

C est l’histoire de bon nombre des immigrants chez nous.